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Se rendre à soi - 1ère partie

Rien à chercher

« Que cherchez- vous ? Il n’y a rien à chercher. Tout est là. Tout vous est donné. » Ainsi s’exprime le maître chan ou védiste quand le disciple, perdu, s’adresse  à lui pour lui demander conseil. « Comment dois-je m’y prendre alors ? » « Plonger en soi » disait à peu près Ramana Maharshi[1], mon père spirituel. Moins provocateur pour l’occasion, je préfère « glisser en soi », dans la douceur du nid. Un maître chinois chan [2] aurait peut-être répondu par un coup de pied aux fesses ou en lui donnant à frotter deux briques jusqu’à l’obtention d’une étincelle pour lui apprendre à ne plus poser de question… inutile.

Déconcerté, il ne reste plus au disciple qu’à se retirer dans le silence. Ce terrible silence de la honte de ne pas comprendre ou du doute sur la voie et le non-faire qui l’accompagne. Rien à faire. Et surtout ne rien attendre, comme on le lui a déjà conseillé. Ne rien attendre. Observer, tout est là.

Car il s’agit bien d’un paradoxe. Celui de l’attente d’une réponse impossible car elle consiste, en fait, en la présence immédiate à l’être. C’est que la réponse ne viendra pas des paroles. Que ce soient des paroles du guide ou de celles qui vous trottent dans la tête, en quête de ce que vous êtes. Elle viendra de la présence immédiate de l’être qu’on est à ce qu’il est. Nous voilà bien avancés. Qu’est-ce que cette présence immédiate de l’être à ce qu’il est ?

D’abord, oublier le terme de conscience, qu’elle soit pleine ou vide, car il ne décrit rien qui puisse aider à y voir clair. Il ajoute simplement un peu de confusion conceptuelle... Parlons plutôt de la présence. La présence, vous sentez, je dis bien  vous sentez de quoi il s’agit ? Quand je suis présent à vous, je vous accorde mon intérêt, avec bienveillance, je vibre comme on accorde un instrument de musique. Si vous êtes là, je suis là. Vous êtes mis là, je suis alors mis là. Par cet accordage entre mis et là, vous sentez de l’ouverture à ce que vous êtes. Alors le sourire vous vient. Amusé un peu, agacé quand même, car cette ouverture par un jeu de mots  n’est pas habituelle. Apaisé aussi peut-être, car l’ouverture que vous sentez dans le moment de la présence crée de la confiance. C’est tellement bête de ne pas penser à autre chose qu’à être là, présent à l’autre… Sans rien attendre de lui.

Se sentir être

Transposons brièvement le processus à soi-même. On ne pose plus de questions, on s’intéresse à soi avec bienveillance. Je suis là, OK je suis là. Sentez-vous que vous êtes là ? Ne dites pas oui par complaisance, est-ce que vous le sentez vraiment ? Et si vous vous êtes mis là, vous êtes mis là. L’accord entre l’être que vous êtes et vous-mêmes est correct. Vous êtes apaisé. C’est tellement bête de ne pas penser à autre chose. Etre ce que l’on est. Eh bien, c’est cela s’accueillir.

Si attendre une réponse à ma recherche du fondement de l’être est un paradoxe c’est simplement du fait qu’il suffit d’être vraiment présent pour vibrer de son être. Les spécialistes en communication pressentiront qu’il y a là deux niveaux logiques différents. La réponse discursive à la question sur la nature de l’être est d’un autre niveau logique que l’expérience de l’être elle-même. La seule réponse possible est l’acceptation d’une démarche qui visera à changer de niveau logique, autrement dit de planète, pour se rendre sur la planète expérience et cesser tout bavardage inutile sur la question de la nature de l’être. Facile à dire. Un petit pas de côté, un simple plongeon. Mais nous verrons pourquoi nous opposons tant de résistance à faire ce simple pas de côté ou ce petit plongeon comme le suggère Ramana Maharshi sur cette « nouvelle planète » qui est simplement en nous. En effet, elle est là, en nous, mais c’est peut-être ce manque de distance qui gêne. Elle est en nous depuis notre naissance, ou plutôt depuis notre conception, dans l’intimité de l’union parentale, peut-être même depuis plus longtemps…

 



[1] Ramana Maharshi,  maître indien védentiste,

[2] Le bouddhisme chan s’est développé à partir de l’enseignement de l’un des premiers disciples du Bouddha,  parti pour la Chine, Boddhidarma. La doctrine, s’il en fut une) s’est alors plus ou moins imprégné des philosophies locales notamment taoiste et confusianiste

Il a pris la forme du zen quand le disciple est parti au Japon.

Le chan s’est diversifié en de multiples courants, se répartissant entre deux voies principales, subitiste et progressive. Les maîtres chan sont réputés pour leur pratiques iconoclastes du bouddhisme, préférant parfois provoquer ou rudoyer le disciple plutôt que de s’étendre dans des palabres inutiles. La provocation devient alors un art de lever les résistances  pour conduire directement à l’éveil.

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Commentaires: 10
  • #1

    pHqghUme (lundi, 16 août 2021 06:38)

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  • #2

    pHqghUme (lundi, 16 août 2021 06:41)

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  • #3

    pHqghUme (lundi, 16 août 2021 06:42)

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  • #4

    pHqghUme (lundi, 16 août 2021 06:42)

    20

  • #5

    bxss.me (lundi, 16 août 2021 06:43)

    20

  • #6

    pHqghUme (lundi, 16 août 2021 06:43)

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  • #7

    pHqghUme (lundi, 16 août 2021 06:43)

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  • #8

    pHqghUme (lundi, 16 août 2021 06:44)

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  • #9

    1'" (lundi, 16 août 2021 06:44)

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  • #10

    pHqghUme (lundi, 16 août 2021 06:45)

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