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D'un logiciel à l'autre

2 juillet 2019

D’un logiciel à l’autre

Reprenons notre hypothèse. A chaque micro-seconde, notre conscience passerait d’un logiciel du soi à un logiciel du moi, sans que nous nous en rendions compte. Celui du soi, composé d’émotions et de sensations heureuses sans objets ni sujet, est donc une sorte de vacuité en dehors du temps et de l’espace, où nous flotterions avec bonheur et paix. Sur le mode d’une cristallisation, il se structurerait en espace objectal, avec l’émergence d’un moi-je qui gouvernerait alors cet espace-temps avec une puissance fabuleuse, au point de masquer la connaissance du soi qui pourtant le fonde.

Cet effacement de la conscience du fondement de notre être est représenté dans toutes les traditions spirituelles pat un voile qui se poserait sur notre conscience originelle. Dans le livre de la Genèse, Adam et Eve qui étaient, à l’origine, dans la connaissance de cette Réalité fondamentale, se seraient alors crus égaux à Dieu, et un voile se serait posé sur leurs yeux. L’image du logiciel est, j’en conviens, plus triviale. Elle a pourtant le mérite d’éviter la culpabilité et la honte originelles qui vont s’attacher alors irrémédiablement  à la nature de l’être humain. Retenons quand même un enseignement important à tirer de cette histoire. C’est la nécessité de l’humilité comme condition pour échapper à l’illusion de la toute-puissance de l’homme qui découvre ce qui le fonde.

Revenons donc à notre hypothèse de logiciels superposés dans l’émergence de ce que nommons la réalité quotidienne. Ce que nous prenons pour la seule réalité concrète cacherait donc une autre réalité anobjectale qui nous fonde et qui serait faite de sensations et d’émotions heureuses.

Pour comprendre ce phénomène, il faut le rapprocher du développement du fœtus et du nourrisson qui vient appuyer notre hypothèse et la rendre plausible. La forclusion qui nous masque le soi est exactement la même que l’absence de nos souvenirs de la première enfance. Pourquoi ? Savez à quel âge vous avez commencé à penser ? Bizarre cette question. Souvent, quand je la pose, la réponse qui vient spontanément c’est : à la naissance bien sûr. Et bien non. La naissance n’est qu’une péripétie de la première enfance qui a commencé lors de la procréation de l’embryon. La naissance n’est qu’une mise au monde de l’enfant. Un début de semi autonomie. La véritable naissance de l’enfant qui pense, parle, comprend, rêve, a des souvenirs et se perçoit dans l’altérité du je et de l’autre, se produit  vers sept mois. Avant, l’enfant existe hors du temps et de l’espace. il n’est pas différencié vraiment de ce qui l’entoure même s’il interagit avec ce monde. Il n’est que sensations et émotions. Il n’est même pas dépendant de sa mère. Il est un avec elle et les autres qui l’entourent. Il est dans la vacuité du samadhi. Cette vacuité sensorielle et émotionnelle est la nature de son existence entre sa conception et l’âge d’environ neuf mois. Cette observation est primordiale et en cache une autre, celle d’une mémoire sensorielle et émotionnelle qui demeure en nous si nous nous permettons de l’écouter, ce que propose la méditation par l’accueil de soi.

 

Nous allons décrire plus précisément les fonctions de ces deux logiciels dans les textes à venir, pour bien comprendre, avec notre mental, l’intérêt fondamental de cette hypothèse. L’enjeu de cette compréhension est de trouver comment apaiser très simplement, dans notre vie quotidienne, l’agitation mentale qui nous mange la vie. A suivre.

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