· 

Premier mouvement : s'accueillir

Premier mouvement : s'accueillir

07/08/19 Premier mouvement : s’accueillir (extraits de l’ouvrage De l’accueil de soi àl’éveil » à paraître.

En fait, s’accueillir, c’est être à la fois la mère et le nourrisson qu’elle prend dans ses bras. Même si vous êtes un homme, votre corps connaît la posture de la mère. Bien enracinée dans le sol pour être stable et transmettre l’assurance de sa protection. Les bras en cercle autour de l’enfant, qui reprennent la courbe du dos. La tête du bébé est calée entre le bras et l’épaule. Et le cœur de la mère qui bat contre le corps de l’enfant. Le regard de la mère, c’est le cordon qui la relie aujourd’hui au petit. Tout cela entoure, protège, rassure. Et vous avez aussi en vous la posture du bébé qu’elle porte. Vous n’avez qu’à vous abandonner, vous laisser porter, peau contre peau, retour en soi. Sentez-vous ce que veut dire s’accueillir ? Pleurer si l’émotion vous vient… Dans un même ressenti, être unifié en ce que vous êtes, la mère ouverte et l’enfant replié qui goûte à la source son existence. Il n’est point besoin d’autrui pour être bien en soi. Et Il n’est pas besoin d’attendre. C’est quand vous voulez. Cela est là en vous. Sécurité de la non-dualité.

 

Comment fonctionne alors l’accueil de soi  pour atteindre cette sécurité ? A  l’angoisse de la perte de l’autre, l’accueil de soi répond par une sécurité enracinée en soi-même.  L’indéfectibilité du soi  est l’issue universelle à nos angoisses de n’être plus, puis de n’être plus aimé. Faire l’expérience de s’accueillir, c’est faire l’expérience d’une sécurité intérieure enracinée en soi. La caractéristique essentielle du soi étant la non-dualité, de qui aurions-nous peur d’être abandonné ? Le registre des sensations par lequel il s’exprime est un registre de pur vécu et ne comporte ni objets, ni sujet, ni processus relationnel. Ces sensations se déroulent dans un continuum ininterrompu et si nous les nommons subjectives, c’est par défaut puisqu’il n’y a pas de sujet. Jean Klein parle de sujet ultime, un sujet ultime immobile, qui s’inscrirait dans notre corporéité et serait comme un témoin de notre existence, en arrière-plan. Ma lecture de Shri Ramana Maharshi m’a amené à me représenter l’approche du soi comme un « glissement » à l’intérieur de ce que je suis. Il s’agit bien d’ailleurs d’un processus de glissement qui s’opère sur le plan ontologique. Comme si on glissait du moi vers le soi, des perceptions vers les sensations, à l’instar d’un glissement dans l’enveloppe maternelle chaude et douillette que nous retrouverions, ou du nid comme en parle Gaston Bachelard, ou de la couverture polaire que nous nous serions enfin accordée. Concevoir ainsi l’approche du soi permet d’accéder directement à la non-dualité du soi dans un mouvement tendre et réconfortant. Il n’y a rien à forcer, le passage est déjà fait pourrait-on dire. Il y a juste à se laisser glisser. Puis s’accueillir. Ni lutte, ni acte de volonté. Accueillir ce qui vient. Telle sera notre attitude pour inviter le soi à retrouver sa place. (à suivre)

Écrire commentaire

Commentaires: 0