Accueil de soi et humilité ?

Avez-vous essayé « la graine qui lève » ? Si oui, vous avez senti qu’il y a un moment délicat. Quand la graine s’ouvre et qu’on veut passer à la position debout, autrement dit quand s’élève la tige de la fleur ou le tronc de l’arbre. Passer de l’assise genoux-pointe des pieds à la verticalité. La souplesse fait défaut et l’on tombe souvent en avant, bien que l’ouverture des bras nous aide à pousser dans nos racines. Il suffit, avant de se lever, de retourner la pointe des pieds et de passer d’abord à la position accroupie en posant le bout de ses banches, ses doigts, sur le sol.

Ce moment est délicat car, comme je l’ai souligné,  on veut. Il y a une sorte de doute, d’incertitude, à s’élever vers le ciel. Le moi-je se réveille et la volonté remplace l’abandon obtenu dans la première partie de la posture. Cela se passe dans un échange bref et discret  entre le centre de gravité, l’abdomen, et la tête : « Tu vas tomber –Non j’y arriverai » Observez cet échange si vous pouvez, et souriez. C’est le sourire du soi. Alors, vous posez vos doigts sur le sol, vous vous levez, et vous revenez à soi en écartant les pieds dans la largeur de vos épaules, en laissant tomber celles-ci dans leur gravité, en savourant votre respir. Vous retournez à soi. Il n’y a pas eu d’échec. Juste l’observation qui vous a été donnée de vous élever dans votre verticalité. Observez ce tout petit sentiment d’échec. Ce petit doute en vous. Petite culpabilité. Si vous refaites cet exercice, essayez de sentir comment fait l’arbre quand il veut s’élever. Ses racines  sont déjà plus larges que vos pieds et plonge dans l’humus. Les doigts vous aident. Humilité. S’accueillir, c’est passer ainsi du sentiment d’échec à la gentillesse envers soi. Le sourire vous aidera.