12/01/2020   Respirer pour ëtre en soi

Trois mois se sont écoulés en digressions depuis mon dernier article sur l’aventure du nourrisson qui, projeté dans ce monde qu’il ne connaît pas encore comme extérieur à lui, invente l’inspir et l’expir, et ce qu’on appelle souvent le souffle de la vie.

Revenons donc un peu sur le soufle. Jéhovah n’a-t-il pas sa racine dans hâvah, respirer, être animé (forme ancienne de la racine hâyàh, être), et le nom d'Eve, la mère des vivants, dans la racine khâvâh, (=khâyâh, respirer, vivre ou faire vivre).

Il m’a fallu longtemps pour découvrir, dans mon expérience méditative, cette voie simple pour apaiser le mental et descendre immédiatement en soi : savourer le plaisir de respirer.  Savourer le plaisir de respirer.  Il fallait y penser ! Désopilant ! Je n’ai jamais trouvé un texte qui dise cela. Les maîtres se perdent souvent en conjecture sur cette façon si difficile d’apaiser l’agitation du mental. S’efforcer de regarder les pensées comme des nuages dans le ciel, ou se concentrer sur le bout de son nez. Non. Ne rien observer qui alimente les tensions. Jouir du souffle. A ce moment précis, le mental est absent. Et surtout ne pas compter jusqu’à 5 sur l’inspir et autant sur l’expir. Libérer le souffle dans le jouir. Rien de tel pour convaincre le mental ! Et je vous assure qu’il y a là matière à méditer… Mais j’en resterai là pour aujourd’hui, car dans le jouir, demain n’existe pas. Dans le cri du respir du nouveau-né, nous touchons, oui nous touchons à la structure-même du soi.

Après cette formidable leçon de re-naissance, l’enfant s’apaise et s’endort. Puis l’expérience initiatique du faire. Là aussi, que de sensations à découvrir. Nous en dissertons la prochaine fois. Restons aujourd’hui dans les résonances de la saveur du souffle vital.