4 février 2020  Accueil de soi et Vipassana ?

Vipassana, l’observation de la réalité telle qu’elle est, pourrait, dans son sens strict, s’appliquer à la méditation par l’accueil de soi. Le terme d’observation n’est pourtant pas neutre. Il renvoie à l’observateur qui se met en position d’observer. Cette subjectivité, qui est dans la nature même de la méditation, n’est pas un problème en soi, à condition qu’elle fasse partie  du questionnement de « l’observant ». Par exemple,  percevoir et ressentir sont deux attitudes différentes de l’observant qui vont influencer l’observé. La réalité observée devient différente si l’on perçoit ou si l’on ressent.

La méditation par l’accueil de soi se donnant pour objectif d’approcher le soi qui vit « sous" l’activité mentale commune, elle évite tout ce qui peut mettre celle-ci sous tension. Cette précaution est l’essence même de la démarche de s’accueillir. Préparer la paix du mental commence ici. Elle approche donc le corps de façon à ne pas créer de souffrance, d’astreinte, de posture contraignante. Bouddha n’a pas quitté sa longue recherche ascétique pour rester, à Bodhgaya, sous son banian, pendant des heures dans une position de lotus qui aurait créé des tensions dans son corps. Le lotus est une position du corps qui, d’après mon expérience, facilite l’enracinement et l’ouverture quand le corps l’a longuement pratiqué, ce qui était sans aucun doute son cas. Pour beaucoup, elle est pénible et source de tension, de souffrance pour le corps.  On ne s’accueille pas dans ces conditions. Si l’on ne respecte pas son corps, comment accède-t-on à l’expérience du « qui suis-je ? » dans l’apaisement du mental. Première question à la pratique de Vipassana. S’accueillir n’utilise ni posture pénible, ni sangles réelles ou virtuelles. L’ascèse n’y a pas cours.

La question concerne également l’emploi du temps consacré à la méditation et le positionnement par rapport au sommeil. Se lever à quatre heures du matin est une autre ascèse. Lutter contre le sommeil en est encore une. L’éveil ne s’obtient pas dans la guerre au sommeil. Le sommeil est une ressource pour le soi. Dans l’accueil de soi, le sommeil dégagé des tensions de l’activité mentale agitée qui se prolonge en dormant par les rêves,  se déroule dans la paix du soi. Il devient le Soi. La méditation par l’accueil de soi tient compte de l’état de fatigue dans lequel se trouvent les méditants. L’heure de démarrage des séances se discute et s’adapte. Va-t-on réveiller un foetus dans le ventre de sa mère pour lui demander de rester éveillé pendant deux ou trois heures ?

Nous évoquerons la prochaine fois la question de la mixité organisée mais séparée des méditations vipassana. Une ascèse des sexes ?