Accueil de soi et ascèse

L’une des questions que soulève la voie Vipassana dont nous avons parlé lors de nos deux derniers articles est la nécessité de l’ascèse pour parvenir à soi. L’ascèse, autrement dit la contrainte imposée pour se « dépasser », est-elle nécessaire pour mettre en brèche notre façon habituelle de nous comporter et parvenir au bonheur d’être pleinement soi ? Cette façon d’entrevoir le chemin de la « réalisation » de soi est tellement ancrée dans nos idées reçues que la remettre en cause paraît une hérésie fondamentale. Elle est  foncièrement intégrée par exemple à la culture chrétienne pour laquelle la rédemption passe par la croix. La faute originelle mous marque au fer rouge et le péché qui en résulte nécessite de nous flageller pour en sortir. Là est l’hérésie : humilier l’être que nous sommes pour le découvrir.

Particulièrement provoquante à cet égard, la méditation par l’accueil de soi s’inscrit au contraire comme un chemin de tendresse par rapport à soi-même. Elle questionne de façon frontale la fameuse nécessité de souffrir pour grandir et être beau. Au risque de se répéter, il faut rappeler le long chemin qu’a dû parcourir  Bouddha dans ses grottes himalayennes avant de se rendre compte qu’il faisait fausse route. Que son expérience nous éclaire définitivement sur le chemin à suivre. Si la nature de l’être est la paix et l’amour, comme nous l’ávons tous vécu avant d’apprendre à pernser, arrêtons de souffrir de trop penser, arrêtons de souffrir de penser que la souffrance est nécessaire pour grandir. La souffrance est dans notre nature comme une limite de notre humanité, elle n’est pas la nature de notre être. Si vous voulez découvrir la nature de votre être, accueillez-la. Il n’y a rien de tordu à imaginer pour y parvenir. Si vous vous asseyez sur un tapis pour faire silence et vous retrouver, et que votre dos vous fait mal, changer de position et goûter votre nouvelle assise. Dans ce goût d’être mieux, le soi est là qui vous sourit. Allez de petits moments de plaisir en petits moments de plaisir et vous vous serez enfin retrouvé. Là est votre être profond. Vous êtes sur le chemin de la tendresse.