Confinement, un jeu de l'ego ?

Confinement, un jeu de l’ego ?

Le jeu de lego, avec son assemblage de pièces carrées en plastique, ne m’a jamais beaucoup inspiré. Quand tout s’emboîte l’un dans l’autre, il n’y a plus de place pour le vent qui passe entre les branches de la cabane. Certes, pour rendre l’abri confortable, il faut jointoyer les murs de pierre, mais on le fait de préférence avec de la chaux et non du ciment. On dit qu’avec la chaux, le mur respire. Quelle belle image ! Le mur en lego de parpaings de béton, lui, ne respire pas.

Etre enfermé entre quatre murs qui ne respirent pas, c’est peut-être cela le vrai confinement. Métaphoriquement, on trouve dans cette image bien des aspects de l’écologie bafouée qui nous conduit aujourd’hui à la pandémie. Un virus qui se traduit par une pathologie de fièvre aigüe (ah, la passion) et de graves complications respiratoires guette notre univers entassé. Le mépris de la nature et de son équilibre subtil, joint à l’emprise de notre activité mentale délirante, ne sont-ils pas la véritable cause de cette pandémie ?

Le confinement par lequel nos égos se trouvent subitement emprisonnés et le dévouement demandé aux aide-soignants pour « liquider » le sinsistre (comme on le dit dans la catastrophe nucléaire qui conduit elle aussi au confinement) n’est-il pas une caricature grotesque de notre pandémie intérieure où l’on ne sait plus s’accueillir soi-même pour s’accueillir entre nous ?

L’ermite qui respire avec jouissance dans son coin  de nature paisible qu’on lui a accordé et qui accueille le passant interdit n’a pas honte de son ivresse à sentir le vent le caresser, ni du bain de lumière que le printemps lui offre après la « corvée » de bois de l’hiver nécessaire au feu qu’il a allumé pour se chauffer.

Un autre lego se construit pour lui dont l’ego n’est que la partie émergée de l’Etre qui le porte.